Hong Kong annule les passeports de six militants prodémocratie en exil au Royaume-Uni

Le 12 juin 2024, le gouvernement de Hong Kong a annoncé l’annulation des passeports de six militants prodémocratie qui se sont réfugiés au Royaume-Uni pour échapper à la répression de la dissidence dans le territoire chinois. Les autorités les qualifient de “criminels sans foi ni loi”.

Cette décision intervient dans un contexte de répression croissante de la dissidence à Hong Kong, depuis que les autorités ont réprimé les vastes manifestations prodémocratie de 2019. L’adoption de lois sur la sécurité nationale, que des pays comme le Royaume-Uni et les États-Unis ont dénoncées comme mettant fin aux libertés dans le centre financier, a accéléré ce mouvement.

L’année dernière, l’exécutif hongkongais avait déjà promis une récompense d’un million de dollars hongkongais (environ 130 000 euros) pour la capture de 13 militants prodémocratie réfugiés à l’étranger, dont les six personnes visées par cette nouvelle mesure. Ils sont accusés d’infractions à la loi draconienne sur la sécurité nationale.

Justification des autorités et réactions des militants

Les autorités de Hong Kong justifient cette mesure par l’entrée en vigueur en mars dernier de la deuxième loi sur la sécurité nationale, qui découle de l’article 23 de la Loi fondamentale, la mini-Constitution de Hong Kong. Cet article oblige depuis 1997 les autorités locales à adopter une loi protégeant la sécurité nationale.

Le chef de la sécurité, Chris Tang, a défendu ces nouvelles mesures comme étant “nécessaires”, affirmant que les militants étaient “hébergés au Royaume-Uni et qu’ils continuaient à s’entendre avec des forces étrangères”.

Cependant, les militants concernés ont dénoncé cette décision comme une nouvelle violation des libertés et une tentative de les museler même en dehors de Hong Kong. Finn Lau, l’un des militants visés, a notamment déclaré qu’il ne possédait pas de passeport hongkongais mais uniquement un passeport britannique d’outre-mer (BNO), et que l’annulation de son passeport “n’était qu’un acte ridicule”.

Nathan Law, une figure de proue du mouvement prodémocratie et ancien élu du Conseil législatif de Hong Kong, a qualifié cette mesure de “superflue” car il a déjà obtenu l’asile au Royaume-Uni en 2021. Il a également appelé ses partisans à faire passer leur sécurité avant tout.

Conséquences et contexte plus large

Les autorités hongkongaises ont également annoncé que toute personne fournissant des fonds, louant un bien ou gérant une entreprise avec ces militants serait passible de sept ans d’emprisonnement. Cinq personnes ont déjà été arrêtées à Hong Kong pour avoir allegedly soutenu financièrement les militants recherchés. Elles ont ensuite été libérées sous caution.

Depuis un an, une quarantaine de membres de la famille et d’anciens collègues des personnes recherchées à Hong Kong ont également été interrogés par la police.

L’annonce de Hong Kong intervient au moment du cinquième anniversaire du mouvement prodémocratie qui a débuté au printemps 2019. En juin 2020, Pékin avait déjà imposé une première loi sur la sécurité nationale pour réprimer le mouvement, ce qui a conduit à l’arrestation de près de 300 personnes.

L’annulation des passeports de ces six militants prodémocratie est un nouvel exemple de la répression croissante de la dissidence à Hong Kong, et met en sourdine les libertés et l’autonomie promises au territoire lors de sa rétrocession à la Chine en 1997.

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