Un vendredi sous tension à Cotonou

Le paysage politique béninois a connu un nouveau choc ce vendredi 12 décembre 2025. Candide Armand-Marie Azannaï, président du parti Restaurer l’Espoir (RE), figure emblématique de l’opposition et symbole de la résistance nationale, a été interpellé aux environs de 11 heures à Cotonou. L’opération, survenue devant le siège du parti, laisse derrière elle un sillage d’interrogations. Entre informations parcellaires, réactions de la famille et silence assourdissant des autorités, l’affaire crée un climat d’inquiétude dans tout le pays.

D’après les premières informations recueillies auprès de différentes sources concordantes, l’ancien ministre aurait été stoppé alors qu’il se trouvait devant les locaux de son parti, au moment où il s’apprêtait, selon certains témoins, à rejoindre une réunion de travail. Un collaborateur proche, joint par La Tempête Infos, a confirmé l’interpellation, mais sans donner de détails sur les agents impliqués ni sur la nature du mandat ayant déclenché l’opération.

Une autre source indique toutefois que l’opposant serait actuellement gardé dans les locaux de la police judiciaire, information qui n’a pas encore été rendue officielle.

Le caractère soudain, discret et non documenté de l’opération nourrit toutes sortes de supputations. Pour beaucoup, la scène s’apparenterait davantage à un enlèvement qu’à une interpellation judiciaire ordinaire.

La famille dénonce un “enlèvement” et alerte l’opinion

L’émoi a rapidement gagné les réseaux sociaux, alimenté par les messages poignants de la famille Azannaï. Sa fille, Marie-Bethania Candace Azannaï, a été la première à briser le silence en écrivant :

« Mon père, Candide Armand-Marie Azannaï, a été enlevé ce matin. »

Quelques minutes plus tard, son frère s’exprimait également, parlant d’un acte destiné à faire taire une voix importante de l’opposition. Ces messages, largement relayés, ont déclenché une vague d’indignation et d’inquiétude à travers le pays.

La famille réclame des explications, des garanties sur l’intégrité physique du leader politique, ainsi que la communication officielle de son lieu de détention. Dans la foulée, plusieurs militants et sympathisants de Restaurer l’Espoir se sont rassemblés devant le siège du parti, avant d’être dispersés pour « attroupement non autorisé ».

Malgré l’ampleur de la situation, aucune autorité publique – ni gouvernementale, ni sécuritaire – n’a, pour l’instant, confirmé ou commenté l’interpellation. Ce mutisme, considéré par une partie de l’opinion comme inquiétant, entretient le mystère autour de l’affaire.

Dans un contexte politique particulièrement sensible, cette absence de communication officielle est perçue par certains comme un signe de crispation, voire de fragilisation du climat politique.

L’opposition, quant à elle, voit dans ce silence une volonté de maintenir l’opinion dans la confusion. Plusieurs cadres politiques exigent une clarification immédiate, rappelant que le Bénin est un État de droit où toute privation de liberté doit être justifiée et encadrée par la loi.

L’interpellation prend une autre dimension lorsque l’on considère le parcours de Candide Azannaï. Ancien allié proche du président Patrice Talon, artisan majeur de l’élection de 2016, il avait ensuite rompu de façon spectaculaire avec le pouvoir, dénonçant ce qu’il considérait comme des dérives autoritaires.

Depuis lors, il est devenu l’une des voix les plus tranchantes contre le régime en place. Ses prises de position, souvent virulentes mais très suivies, ont fait de lui l’un des opposants les plus influents du pays.

Son arrestation ne peut donc pas être analysée comme un simple fait divers politique : elle soulève des enjeux majeurs pour l’avenir du débat démocratique au Bénin.

Un acte survenant dans un climat déjà tendu

Ce qui frappe dans cette affaire, c’est le timing. L’interpellation arrive seulement quelques jours après la tentative de coup d’État du dimanche 7 décembre 2025. Une tentative avortée qui a secoué toute la Nation et ravivé de profondes inquiétudes.

« Les instigateurs et complices de cette forfaiture seront identifiés et neutralisés. »

C’est dans ce contexte de traque et d’investigations intensives que l’arrestation de Candide Azannaï intervient.

Pour certains analystes, elle pourrait s’inscrire dans une vaste opération visant à démanteler un éventuel réseau de soutien.

Pour d’autres, elle reflète plutôt un durcissement politique inquiétant, susceptible d’alimenter la méfiance et la polarisation.

Un pays en attente, des questions sans réponse

À ce stade, de nombreuses questions demeurent sans réponse :

•Pourquoi Candide Azannaï a-t-il été interpellé ?

•Quel dossier justifie une opération aussi opaque ?

•Où est-il détenu exactement ?

•Dans quel état de santé se trouve-t-il ?

•Pourquoi les autorités gardent-elles le silence ?

Ces zones d’ombre maintiennent le pays en haleine. Militants, acteurs politiques, organisations de la société civile et citoyens attendent une communication claire, qui permettrait d’éviter l’escalade des tensions.

L’arrestation de Candide Azannaï, homme politique charismatique et fortement engagé, risque de laisser une trace importante dans l’actualité nationale. Dans un pays encore émotionnellement secoué par les récents événements, cette interpellation pourrait redéfinir les rapports de force, raviver les tensions ou, au contraire, provoquer une clarification politique.

Pour l’heure, le mystère reste entier. Le Bénin retient son souffle, dans l’attente d’une lumière officielle sur une affaire qui continue de mobiliser l’opinion et d’alimenter toutes les spéculations.