CRIET : Aurélie Nougloï-Guézo brise le silence et plaide son innocence dans une affaire d’escroquerie via internet
CRIET : Aurélie Nougloï-Guézo brise le silence et plaide son innocence dans une affaire d’escroquerie via internet

CRIET : Aurélie Nougloï-Guézo brise le silence et plaide son innocence dans une affaire d’escroquerie via internet

CRIET : Aurélie Nougloï-Guézo brise le silence et plaide son innocence dans une affaire d’escroquerie via internet

La salle d’audience de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) a retenu son souffle, ce jeudi 4 décembre 2025, lorsque la comédienne béninoise Aurélie Nougloï-Guézo a comparu devant le juge correctionnel. Placée en détention provisoire depuis plusieurs semaines, l’actrice est poursuivie pour escroquerie via internet, une accusation qu’elle rejette fermement. Le dossier, jugé sensible en raison de ses implications liées à la cybercriminalité en milieu carcéral, a mis en lumière une affaire aux contours complexes où naïveté, manipulation et méconnaissance des risques semblent s’être entremêlées.

Selon l’acte d’accusation, la jeune femme aurait acheté, en son nom, une carte SIM destinée à un détenu de la maison d’arrêt d’Abomey-Calavi, identifié comme un cybercriminel actif. Cette puce aurait ensuite servi dans une opération d’arnaque menée au nom de l’Institut national de la femme (INF), ciblant plusieurs victimes. Pour la Cour, l’achat de cette carte SIM constitue un acte grave puisqu’il aurait permis la poursuite d’activités illicites depuis l’intérieur même de la prison.

Invitée à donner sa version des faits, Aurélie Nougloï-Guézo a plaidé non coupable avant d’apporter des explications détaillées. Assistée de son avocat, Me Sylvain Omer Tchiakpè, elle a reconnu avoir effectivement acheté la carte SIM, mais a soutenu l’avoir fait sans mauvaise intention, persuadée de rendre un simple service.

Tout aurait commencé le 28 janvier 2025. La sœur d’un détenu la contacte pour l’achat de pagnes, un commerce que la comédienne exerce parallèlement à sa carrière artistique. Quelques jours plus tard, le frère – incarcéré à la maison d’arrêt – lui téléphone à son tour pour commander des pagnes. Aurélie explique qu’elle s’est rendue quatre à cinq fois dans l’établissement pénitentiaire pour effectuer des livraisons, ce qui a instauré une relation de confiance entre elle et l’homme derrière les barreaux.

C’est au fil de ces échanges que la demande d’achat d’une carte SIM est formulée. Le détenu lui confie sa pièce d’identité afin qu’elle puisse effectuer la transaction. Mais arrivée à l’agence, la comédienne se heurte à la procédure réglementaire exigeant la prise d’empreintes digitales de l’acheteur. Une étape incompatible avec l’utilisation de la pièce d’un tiers. Pour poursuivre l’achat, elle utilise alors sa propre carte d’identité, mettant involontairement la puce à son nom.

Consciente du caractère délicat de la situation, Aurélie affirme avoir refusé de remettre personnellement la carte SIM au détenu, jugeant cela contraire aux règles pénitentiaires qui interdisent l’usage de téléphones. Le détenu décide donc de faire récupérer la puce par une tierce personne. Quelques jours plus tard, la comédienne comprend, sur conseil de proches, qu’elle pourrait être compromise et prend l’initiative de faire couper la carte SIM, une semaine seulement après l’avoir achetée.

Cette décision provoque la colère du prisonnier, qui la contacte pour lui demander des comptes. « Il m’a appelée pour me reprocher d’avoir coupé la puce », a raconté Aurélie, la voix nouée par l’émotion. En larmes face au juge, elle confie avoir été manipulée, ignorant totalement l’usage frauduleux qui serait fait de la SIM.

Son avocat, Me Tchiakpè, a renforcé cette version en soulignant que sa cliente n’était pas la seule femme sollicitée dans ce stratagème. Plusieurs autres personnes auraient été piégées de la même manière par le détenu, présenté comme habitué aux procédés de manipulation.

La comédienne a finalement demandé la clémence de la Cour, réitérant sa bonne foi et son absence d’intention criminelle. Sensible mais déterminée, la CRIET a décidé de renvoyer le dossier au 22 janvier 2026 pour la poursuite des débats et l’examen approfondi des responsabilités.

En attendant la suite, l’affaire révèle une fois de plus l’ingéniosité et l’ampleur des réseaux de cybercriminalité opérant depuis les prisons, ainsi que la vulnérabilité de citoyens ordinaires qui peuvent, par simple service rendu, se retrouver au cœur d’un engrenage judiciaire qu’ils n’avaient jamais anticipé.

Ange Zountchegbe est un journaliste, créateur de contenus béninois. Consultant en communication digitale.