Boni Yayi visé par un recours devant la Cour constitutionnelle : ce qu’on sait
L’ancien président de la République du Bénin, Boni Yayi, est au cœur d’une nouvelle polémique juridique. Un recours a été officiellement introduit contre lui devant la Cour constitutionnelle, l’accusant d’avoir enfreint plusieurs dispositions de la Constitution béninoise. Cette affaire survient à la suite de sa récente sortie médiatique au cours de laquelle il est revenu sur sa rencontre à huis clos avec l’actuel chef de l’État, Patrice Talon.
Selon des informations exclusives rapportées par Banouto, le recours a été enregistré le 19 novembre 2025 au secrétariat de la haute juridiction. Il émane de deux citoyens béninois qui affirment que le leader du parti d’opposition Les Démocrates aurait manqué à certaines obligations constitutionnelles en rendant publiques des informations relatives à son entretien confidentiel avec le président Patrice Talon.
Les bases du recours : quatre articles constitutionnels évoqués
Les requérants se fondent sur quatre articles de la Constitution : les articles 23, 34, 36 et 54.
Selon eux, la communication de Boni Yayi sur sa rencontre avec le chef de l’État aurait constitué une violation des principes de réserve, de confidentialité et de responsabilité dévolus aux personnalités publiques dans le cadre de la gestion de l’information d’État.
•L’article 23 protège le droit à l’information mais encadre sa diffusion dans le respect de la loi et de la souveraineté nationale.
•L’article 34 rappelle les devoirs de tout citoyen envers la nation, notamment le respect de la Constitution et des institutions de la République.
•L’article 36 insiste sur la loyauté et la responsabilité dans l’exercice de fonctions officielles ou dans la manipulation de sujets sensibles liés à la sécurité ou à la stabilité du pays.
•Enfin, l’article 54 définit les prérogatives et limites des anciens présidents, notamment dans leurs rapports institutionnels avec l’État et ses représentants.
Les plaignants estiment que, dans sa déclaration publique, l’ancien président aurait manqué à ces obligations, exposant potentiellement des informations couvertes par le devoir de réserve ou susceptibles de créer des tensions politiques inutiles.
Une sortie médiatique qui fait débat
Tout est parti d’une interview largement relayée sur les réseaux sociaux et les médias en ligne. Boni Yayi y évoquait de manière détaillée sa rencontre en tête-à-tête avec le président Patrice Talon, une entrevue jusque-là restée dans le strict cadre institutionnel.
Dans cette intervention, l’ex-chef d’État a livré certains contenus de leurs échanges, ce qui a suscité de vives réactions dans l’opinion publique. Pour certains, il s’agissait d’un simple exercice de transparence politique. Pour d’autres, cette prise de parole relevait d’une imprudence institutionnelle et d’un non-respect des règles de confidentialité entre hauts responsables de l’État.
Les adversaires politiques de Boni Yayi y ont vu une stratégie de communication visant à influencer le débat national, tandis que ses partisans dénoncent ce recours comme une tentative d’intimidation ou de musellement contre une figure phare de l’opposition béninoise.
Quelle suite pour cette affaire ?
Le dépôt du recours ne signifie pas automatiquement la condamnation de l’ancien président, mais il ouvre un nouveau chapitre juridique et politique. La Cour constitutionnelle devra examiner la recevabilité du dossier avant de se prononcer sur le fond.
Si le recours est jugé recevable, les juges constitutionnels analyseront en détail les propos tenus par Boni Yayi, leur contexte, ainsi que leur éventuelle incompatibilité avec les articles de la Constitution cités.
Pour l’heure, ni Boni Yayi ni le parti Les Démocrates n’ont officiellement réagi à l’information. Toutefois, au sein de la classe politique, la nouvelle fait déjà couler beaucoup d’encre. Certains observateurs y voient une escalade dans les tensions entre l’opposition et la mouvance présidentielle, tandis que d’autres analysent ce recours comme une simple application du droit constitutionnel.
Un dossier à forte portée politique
L’affaire intervient dans un contexte où la scène politique béninoise est marquée par une forte polarisation. Toute action impliquant l’un des deux hommes forts de la décennie – Boni Yayi et Patrice Talon – revêt un poids symbolique important.
Le traitement de ce recours par la Cour pourrait donc avoir des implications non seulement juridiques mais aussi politiques, notamment à l’approche des échéances électorales et dans un climat où la question de la gouvernance démocratique reste sensible.
Pour l’instant, les regards restent braqués vers la Cour constitutionnelle, qui devra trancher cette affaire avec impartialité et rigueur, dans le respect des lois et de la stabilité institutionnelle du pays.














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